« De ferme en ferme » ce week-end : à la rencontre de Christophe Decherf, éleveur de porcs à Méteren
PUBLIÉ LE 25/04/2013
Par CLAIRE COUILLEZ-BROUET
Ce week-end, plusieurs fermes de Flandre ouvrent leurs portes au public, l’occasion de découvrir à Méteren l’exploitation de Christophe Decherf. L’agriculteur élève des porcs sur paille qu’il vend directement aux consommateurs et dont il produit l’alimentation. Une autonomie qui le met à l’abri de la hausse des charges que subissent actuellement les élevages à plus grande échelle.
« Un élevage plus grand, non, ça ne correspondait pas trop à mon tempérament. » Par conviction, Christophe Decherf a fait de l’élevage de porcs une exploitation à taille humaine et surtout, autonome. « Je vends ma viande en direct et je cultive pour nourrir l’élevage», détaille l’agriculteur qui a repris la ferme familiale de Méteren en 1996. Avant, il avait exercé plusieurs métiers, travaillé dans une usine de meubles, conduit des machines agricoles… « À force de travailler ailleurs, je me suis dit que la ferme, ce n’était pas si mal. » Et petit à petit, il adapte la taille de la ferme aux contraintes : « J’ai essayé d’être plus grand, mais au bout de quelques années de pratique, je me suis rendu compte que je ne maîtrisais rien du tout, ni le prix de vente, ni celui de l’aliment. Aujourd’hui, je connais mes coûts de production et de vente. Je ne sais pas si c’est un modèle transposable à tout le monde. Mais je pense qu’on peut être plus grand et autonome. » Aujourd’hui, seuls les apports en protéines et en matière minérale sont achetés à l’extérieur, soit environ 10 % de l’alimentation, « mais tout est transformé ici ».
L’argument économique n’a pas été le seul à guider Christophe Decherf vers ce modèle, «c’est aussi le meilleur choix agronomiquement. Ça donne un fumier pour les champs, qui favorise la vie du sol. » Une démarche respectueuse de la nature, qui fait penser à celle du bio. « Je n’en suis pas loin, mais je n’y suis pas. Le cahier des charges est plus précis. Je sais ce que je donne aux animaux et surtout, ce que je ne donne pas. Même dans les champs, je traite le moins souvent possible, comme je n’ai pas d’obligation de rendement… »
Désir de transparence
De l’autre côté de la chaîne, Christophe Decherf écoule sa production uniquement auprès de particuliers, sur commande, par caissettes ou par demi-porc. « Le plus dur, ça a été de me faire connaître et ça s’est fait avec le bouche à oreille, par des gens qui en amènent d’autres.» Des clients essentiellement issus des villages des alentours, mais qui viennent aussi parfois « de Paris et calent leurs dates de vacances sur mes dates de découpe. Ma ferme ne tient que grâce aux gens qui viennent jusqu’ici. Qui font le choix parce que personne ne vient en passant. » Après les scandales alimentaires, l’éleveur a constaté chez les particuliers une volonté de raccourcir les intermédiaires entre la production et leur assiette : « Il y a des clients qui n’ont acheté qu’après avoir visité l’étable. »
Un désir de transparence que Christophe Decherf accepte, et qui le motive à participer, depuis cinq-six ans, aux portes ouvertes organisées ce week-end. « Avant, tout le monde avait de la famille dans des fermes, mais en une génération, ça s’est perdu. Tous les ans, on a des gens qui voient des cochons pour la première fois. » Une découverte et son lot de questions, « tout les étonne, c’est assez marrant. Les gens veulent savoir ce qu’ils mangent, le nombre de portées… » Pour recevoir le public, plus de 150 personnes l’an dernier, Christophe Decherf reçoit l’aide de sa famille. « On fait visiter la ferme, c’est gratuit. Je ne fais pas de vente ce jour-là, ce n’est pas le but. Le but, c’est de montrer comment ça fonctionne.»
Ce week-end, en plus de l’opération De ferme en ferme, a lieu Le Printemps à la ferme
Source : la Voix du Nord : http://www.lavoixdunord.fr/region/de-ferme-en-ferme-ce-week-end-a-la-rencontre-de-ia18b47659n1202219
